Inscription de Mery au Ouadi Hammamat

Ce texte provient du ouadi hammamat, où il est gravé sur les rochers. Il me semble comporter beaucoup d'erreurs, certaines étant probablement des erreurs de copies dûes au dessinateur qui a transcrit le texte, sans doute à partir d'un original en hiératique, pour le mettre en hiéroglyphes.

(1), (2), etc. désignent les numéros des lignes sur le texte.

(1) L'an 19, sous la majesté du roi de Haute et Basse Égypte Ny-Maât-Rê, fils de Rê Amenemhat, doué de vie, stabilité, pouvoir comme Rê.

(2) Sa Majesté ayant ordonné qu'on lui rapportât des monuments de cette montagne auguste(a), de l'ouest du ouadi, l'on se mit à excaver (3) la pierre de cette montagne occidentale comme cela se pratiquait (4) auparavant. Ces pierres tombaient, de telle sorte qu'elles étaient (5) cassées, sans qu'il en restât un gallet.(6) Puis le directeur des travaux, le procureur (7) de la salle d'audience (b) Mery dit : " Que (8) si l'on fasse donc une rampe pour extraire la pierre ! "

(9) Alors la rampe fut construite, (10) puis on se mit à extraire ces monuments (11) tout comme il avait dit. Jamais on n'avait agit ainsi auparavant(c) !

Alors (12) il escorta 10 statues de <pierre>(d) auguste.

(13) Son équipe de carriers de la nécropole : 20 hommes. Ouvriers: 30 hommes. Marins(e) (14) nombreux : 2000 hommes.


(a) désignation de la montagne d'où sont extraite les pierres ; elle est divinisée, et la montagne est sacrée. L'opération d'extraction de la pierre est d'ailleurs légèrement problématique dans ces conditions, puisqu'elle blesse la montagne. Il est possible que des temples rupestres comme le spéos Artémidos aient eu une fonction de réparation de ces actions.

(b) On voit ici que le chef de l'expédition porte deux titres très différents : il s'occupe certes de grands travaux, mais il a aussi un titre judiciaire. Je traduis wHmw, litt. celui qui répète, par procureur ; la traduction habituelle est héraut ; il s'agit de toute façon d'un personnage qui rapporte la parole royale, et en particulier les mises en accusation. cf. Sinouhé : On n'avait pas entendu mon nom dans la bouche d'un wHmw. La fonction judiciaire est d'autant plus marquée que le titre est ici lié au "portail"-arryt, qui est un lieu de jugement.

(c) Paradoxalement, cette affirmation est un poncif des stèles égyptiennes. En théorie, on agit toujours selon d'antiques prescription, mais on fait dans le même temps toujours plus beau, plus grand, que les ancêtres. Nulle contradiction, en réalité, puisqu'il s'agit de se rapprocher du modèle premier, du "temps du dieu". Dans le contexte du présent document, le poncif semble correspondre, pour une fois, à la réalité : il est peu probable que Mery aurait mentionné son idée si elle n'avait pas eu un caractère réellement nouveau.

(d) Je suppose que le mot écrit ici est une corruption de inr, la pierre.

(e) Je traduis ici littéralement. En fait, la marine fluviale égyptienne fournissait des hommes expérimentés dans le maniement des cordages, et donc propres aux manoeuvres des pierres. Ici, il faut probablement comprendre simplement manoeuvres.